Au pied des montagnes et des rochers, dans une petite maison près de Saint-Martin-Vésubie (Alpes Maritimes), habitent les parents des géants des Alpes. Le mari, petit et trapu, avait 30 ans quand il s'est marié. Il mesurait 1 m 64 et son épouse un peu plus grande, âgée de 20 ans, mesurait 1 m 68. Ils s'occupaient de la culture, de l'élevage des brebis et des chèvres.

Ils eurent successivement 6 enfants : 4 garçons et 2 filles qui sont nés à deux ans d'intervalle environ.

L'aîné, Baptiste, naquit en 1879. Il pesait 15 livres. Il commença à marcher à 2 ans. A 6 ans, il mesurait 1 m 25 ; à 10 ans, 1 m 70; à 15 ans, 2 m ; à 20 ans, 2 m 25. Il est arrivé à 2 m 30 et pesait 400 livres.

Le second des enfants, un garçon, s'arrêta de grandir à 1 m 50.

Vinrent ensuite un garçon et deux filles de taille ordinaire variant de 1 m 55 à 1 m 65.

Il n'en fut pas de même pour le dernier, Antoine, né en 1888, qui se développa encore plus rapidement que son aîné. A 10 ans, il avait des mains et des pieds comme un homme adulte. A 24 ans, il mesurait 2 m 25. Sa main ouverte développait 32 cm. Ses pieds mesuraient 40 cm, il chaussait la pointure 61.

Malgré la taille colossale, ils joignent à leur grandeur extraordinaire une élégance relative par leurs formes admirablement proportionnées.

Ils firent l'admiration de la société d'anthropologie de Paris qui releva plus de 40 mesures différentes. Ils furent examinés par le corps enseignant des principales facultés de médecine d'Europe et d'Amérique.

BARNUM les sollicita et ils partirent aux quatre coins du monde. Ils acceptèrent toutes les propositions et firent fortune.

Durant leurs nombreux voyages, ils éprouvèrent de très grandes difficultés. Ils étaient obligés de se plier en deux pour passer les portes. Assis, les genoux dépassaient la table de 20 cm. Au lit, ils se couchaient de biais mettant une table ou un fauteuil pour y poser les pieds. Lorsque les lits étaient vraiment trop petits, ils se couchaient sur le matelas posé sur le plancher.

Au restaurant, l'énorme soupière de potage disparaissait en un clin d'œil, une sole normande, un lapin sauté, un filet madère, une dinde truffée, 4 livres de pain et un dessert constituaient un agréable repas.

Le coiffeur était obligé de monter sur un escabeau pour leur couper les cheveux,

Le tailleur utilisait 7 m 50 de drap pour confectionner un costume.

Le cordonnier fabriquait des chaussures de pointure 61.

En rue, les Géants ne pouvaient faire un pas sans être envahis, bousculés et pressés de questions. Ils aimaient faire la partie au café et connaissaient tous les jeux : jacquet, billard, piquet, manille …

Ces géants constituaient des numéros de premier ordre pour les établissements de Paris, New-York, Philadelphie, Washington, etc … Jamais, ils ne travaillaient dans les foires. Le genre forain n'était pas le leur. Ils se présentaient dans les théâtres et les salles des fêtes. Ils font des recettes d'or !

Il était très curieux de voir à ces exhibitions l'impression du public et d'entendre les réflexions de chacun, car depuis le plus petit jusqu'au plus grand, tout le monde venait voir et questionner ces hommes aux carrures puissantes.

eingesandt von: TRIOLET Jacques
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